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Les adolescentes des années 50 recevaient, comme symbole de leur passage à l'âge adulte, une paire de bas nylon pour marquer l'évènement. Cela est parfaitement incompréhensible pour les jeunes filles d'aujourd'hui qui aiment porter, comme les garçons, des socquettes et des chaussettes montantes avec des chaussures de sport, ou alors des collants de couleur et exceptionnellement seulement des collants transparents.

Le bas nylon sanctionnait l'entrée dans le monde des adultes parce qu'il permettait de porter aussitôt des chaussures à talon et de rompre, par conséquent, avec le statut de l'enfance. On toquait d'un coup une allure juvénile contre une démarche provocante, que l'on doublait d'une assurance nouvelle, feinte ou réelle. La petite fille regardait désormais les garçons autrement que comme de simples camarades de jeux.

Les mères - et les pères, davantage encore - cherchaient à différer le plus longtemps possible ce moment où leur fille allait se métamorphoser en femme. Mais qui ne se souvient pas d'avoir, non sans frayeur, furtivement échangé les socquettes détestées contre ces bas interdits, loin du regard des parents, et d'avoir eu à procéder à l'opération inverse, au retour d'une escapade clandestine, pour ne rien dévoiler du "crime"? Qui ne se souvient pas d'avoir fait la grève de la faim, menacé même de suicide, pour obtenir de parents " rétrogrades et sans coeur", la permission d'enfiler les bas mythiques?


Lorsqu'enfin, tous obstacles surmontés, les jambes se mettaient en campagne pour obtenir le suffrage des regards masculins, c'était une femme nouvelle qui s'engageait sur le chemin de la vie.
Je remercie Yves Riquet de m'avoir fait découvrir ce texte, de Paolo Lombardi et Mariarosa Schiaffino, Eloge du bas, Gentlemann Editeur, 1989 (trad. de l’éd. originale italienne de 1984), p. 74.

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Tag(s) : #Historique L'Arsoie - Cervin